6

— Tu as laissé Imen garder seul le tombeau ?

Bak, qui était revenu au Djeser Djeserou au point du jour, toisait Kasaya avec fureur. Il espérait qu’il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie, mais le dos trop raide et l’air coupable du Medjai confirmaient plutôt qu’il avait désobéi aux ordres.

— Explique-toi !

— Je ne me suis pas absenté longtemps, répondit Kasaya, qui regardait droit devant lui, incapable de tourner les yeux vers son chef. Une demi-heure tout au plus.

D’une main, il agrippait sa lance et son bouclier, de l’autre il tenait un paquet enveloppé de feuilles – la nourriture apportée par Bak pour son repas du matin.

— Au nom d’Amon, quelle folie t’a possédé ?

— C’est l’esprit malin…

L’expression de Bak montra que sa patience était mise à rude épreuve.

— Les esprits possèdent les ignorants, Kasaya. Les gens peu avisés, ne connaissant rien du monde qui s’étend au-delà de leur champ de vision. Pas ceux qui ont voyagé, comme toi, vers des horizons lointains.

Le Medjai lui lança un regard vexé.

— Tu ne comprends pas, chef. J’ai vu cet esprit et je lui ai donné la chasse.

Bak se rappela leur conversation de la veille, ses propres commentaires sur les gardes et sur ce qu’il pensait des lâches qui manquaient à leur devoir. Kasaya, bien que profondément superstitieux, avait pris ses paroles à cœur.

Oubliant son irritation, le policier se laissa tomber sur un tambour de pierre destiné à compléter le portique de la terrasse supérieure.

— Assieds-toi, Kasaya, et, tout en prenant ton repas, raconte-moi ce qui s’est passé.

Pas entièrement rassuré par ce ton radouci, le jeune Medjai s’installa sur un tambour identique. Il posa sa lance et son bouclier près de lui, déballa son paquet et se mit à manger le poisson braisé et les oignons verts qu’il trouva à l’intérieur. Imen, devant l’entrée du tombeau, se sustentait lui aussi.

Kheprê, qui commençait à poindre à l’horizon d’Orient, dardait ses flèches jaunes dans un ciel serein. Une fine brume argentée flottait sur la plaine fertile et se fondait dans les vapeurs bleutées de l’aube, qui s’attardaient au-dessus du fleuve. Les ouvriers, levés de bon matin pour commencer leur journée, envahissaient le chantier en se hélant comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis des jours, et non durant quelques brèves heures nocturnes.

Kasaya prit un morceau de poisson et n’en fit qu’une bouchée.

— Deux heures, peut-être trois après la tombée de la nuit, Imen a cru apercevoir une lueur parmi les colonnes du haut. Au début, je n’ai rien vu, mais ensuite moi aussi je l’ai repérée. Elle semblait sur le point d’entrer dans le temple. Puisque tous ceux qui y travaillent redoutent l’esprit malin, je savais qu’aucun d’eux ne pénétrerait là-bas en pleine nuit.

Il interrompit sa mastication et ajouta d’une voix sourde :

— J’ai senti mon sang se glacer et le ver de la peur ramper sur mon échine.

— Et pourtant, tu as tenu à voir de quoi il retournait, approuva Bak, sachant bien quelle force de caractère cela avait dû exiger.

— Je n’en avais pas grande envie, crois-moi.

Kasaya déchira un autre morceau de poisson, mais sa main se figea avant de parvenir à ses lèvres et il le reposa sur son lit de verdure.

— J’ai foncé sans m’accorder le temps de réfléchir, en passant devant d’innombrables statues et des bouts de colonnes qui dissimulaient je ne savais quoi. J’ai couru jusqu’en haut de la rampe et je suis entré dans le temple. Tout était noir, avec cette lune mince à l’éclat si faible que la colonnade ne jetait aucune ombre. Je ne voyais personne, je n’entendais rien. Le devoir me dictait d’inspecter le sanctuaire et les chapelles de chaque côté. Mais, au-delà de la grande porte, il n’y avait que les ténèbres, comme dans les chambres orientées vers le sud. J’avais très peur ; j’aurais bien voulu avoir une torche.

Bak se représentait le jeune Medjai dans le noir, ouvrant de grands yeux et tremblant de tous ses membres, essayant de se convaincre d’entrer dans une de ces chambres effrayantes.

— J’ai entendu un bruit léger derrière moi. J’ai fait volte-face et j’ai vu une lumière minuscule, à l’entrée de la chapelle de Rê. Un instant plus tard, elle avait disparu.

Kasaya respira profondément, par à-coups.

— Pensant qu’elle était allée à l’intérieur, je l’ai suivie. Et pendant tout le temps où je contournais l’autel, j’étais reconnaissant à Rê de pouvoir distinguer ma main devant mon visage, car la chambre n’avait pas de plafond. Je n’ai rien trouvé ; la lumière s’était évanouie comme un fantôme.

« Ou, plutôt, comme un homme preste et agile, pensa Bak. Doté, en outre, d’un penchant certain pour les méchantes farces. »

— As-tu remarqué une odeur quelconque ? Par exemple, celle que produirait la fumée d’une lampe à huile ?

— Non, chef, répondit Kasaya en reprenant son repas. Je n’ai rien senti, rien entendu ni rien vu de plus.

— Le sanctuaire et les chambres sud étaient désertes ?

— J’ai bien essayé de les inspecter, chef, mais j’ai renoncé, répondit Kasaya d’un air contrit. Tout était si sombre, on n’y voyait rien ! Quelqu’un ou quelque chose aurait pu s’y cacher et passer près de moi sans même que je le sache. J’ai pensé que tu dirais que j’avais pourchassé un homme, pas un esprit. Alors, je me suis assis à l’entrée, près de la rampe, dans l’intention de rester là jusqu’à l’aube. Si vraiment c’était un homme de chair et de sang, j’espérais le capturer.

Il s’interrompit, fronça les sourcils, et avança un autre argument en sa faveur :

— De là, je pouvais distinguer Imen et courir à son aide s’il le fallait.

— Il était bien à son poste ?

— Oui, chef. Après, il m’a dit qu’il n’aurait jamais poursuivi l’esprit malin, à ma place. Je pense qu’il était terrorisé. Il n’a pas voulu l’admettre et m’a accusé d’insubordination, mais depuis combien de temps les gardes voient-ils l’esprit malin dans cette vallée sans jamais lui donner la chasse ?

— As-tu attendu longtemps devant le sanctuaire ?

— J’avais à peine eu le temps de m’installer que j’ai entrevu une lueur dans le temple de Mentouhotep. L’esprit avait volé là-bas en un clin d’œil. J’ai descendu la rampe, mais la lueur a disparu une fois encore. J’ai couru vers le mur de soutènement sud et j’ai attendu un peu, mais elle n’a pas reparu. Certain que nul n’aurait pu la rattraper, j’ai décidé de retourner auprès d’Imen.

Bak soupçonnait fort le prétendu esprit malin d’avoir attiré Kasaya dans la chapelle de Rê pour avoir le champ libre. De plus, vu la réapparition presque simultanée de la lueur dans l’ancien temple, plusieurs complices parcouraient sans doute la vallée, chacun muni d’une petite lampe à huile.

— À ta connaissance, Imen est demeuré devant le puits tout le temps où tu étais là-haut ?

— Je ne peux le garantir, admit Kasaya. Mais chaque fois que je regardais, il y était.

Bak scruta le jeune Medjai. Aux termes du règlement, il aurait dû le punir pour abandon de poste, mais comment le blâmer quand il avait montré tant de courage malgré sa peur de l’inconnu ?

— Retourne près du tombeau. Fais-moi prévenir quand Menna arrivera avec le prêtre d’Amon.

Imen avait-il pu se glisser dans le puits durant l’absence de Kasaya ? Probablement pas. Sachant que le Medjai pouvait le voir depuis le temple et risquait de revenir à tout instant, le garde ne se serait pas senti libre de le faire. Néanmoins, Bak tenait à s’assurer que la momie était intacte, que les bijoux précieux se trouvaient toujours sur le poignet osseux avant que le tombeau ne soit scellé pour l’éternité.

Tandis que Kasaya s’éloignait, Bak s’approcha du mur de soutènement sud et contempla le temple de Mentouhotep, par-delà les cabanes des ouvriers. Avait-on voulu attirer le Medjai sur la terrasse supérieure ? Mais alors, dans quel dessein ? Pour laisser à l’esprit malin les coudées franches parmi les ruines ? Nul n’aurait pu prévoir que le jeune policier aurait le courage de se lancer à la poursuite d’une lumière, mais si cela en valait suffisamment la peine, peut-être avait-on usé d’un tel stratagème. Ou la seconde lueur, qui avait brillé dans l’ancien temple, était-elle censée éloigner Kasaya du Djeser Djeserou ? Avait-il interrompu la préparation d’un autre accident ?

— Voici Kamès, le chef des tailleurs de pierre.

Hori, qui était arrivé près de Bak sans qu’il le remarque, indiqua une équipe à pied d’œuvre au bout du portique, sur la première terrasse.

— Je crois que tu désirais l’interroger. C’est l’homme aux cheveux blancs, qui surveille les autres.

Bak s’efforça de ne plus penser à la mésaventure de Kasaya et refréna un désir soudain, presque irrésistible, d’explorer le temple en ruine. Mais il lui fallait d’abord s’entretenir avec les vivants, et remettre à plus tard sa quête d’ombres et de lumières.

 

— Je trouvais bien des défauts à Montou, mais il savait ce qu’il avait à faire et agissait en conséquence. On ne peut reprocher à personne d’accomplir son devoir, pas vrai ?

Kamès se gratta la tête, ébouriffant ses courts cheveux blancs. Son corps était long et anguleux, très fin – un squelette animé, couvert d’une peau tannée comme le cuir.

— Tu es plus indulgent que tous ceux avec qui j’ai parlé, répliqua Bak. En fait, on m’a dit qu’il se dérobait à ses obligations.

— Il était exigeant, c’est sûr, et jamais content de l’emplacement des pierres. Mais il en avait bien le droit. Il était responsable du résultat final, et cette responsabilité pesait lourd sur ses épaules.

Kamès concentra son attention sur un tailleur qui vérifiait les quatre côtés d’un bloc de pierre pour s’assurer qu’ils formaient des carrés égaux entre eux et avec la surface du haut. À l’évidence, son chef ne fut pas entièrement satisfait, car il s’approcha pour mieux voir. La pierre serait empilée avec cent autres semblables pour créer les pilastres du portique. Ses côtés rugueux seraient polis jusqu’à obtenir une surface bien lisse, mais seulement lorsque toutes seraient en place, avant la sculpture et la mise en couleurs des bas-reliefs. D’autres tailleurs, à proximité, façonnaient des blocs de forme et de dimensions similaires. Le martèlement des maillets sur les ciseaux évoquait à Bak des oiseaux géants picorant des écorces démesurées. Deux rangées de colonnes carrées se dresseraient devant le mur de soutènement, qui retenait les déblais sous le portique supérieur. Comme Bak l’avait remarqué auparavant, le plafond de ce portique formerait une terrasse à ciel ouvert, sur tout l’avant du temple.

Pour la première fois, il remarqua qu’aucune rampe de construction ne déparait la façade de chaque côté de la partie centrale.

— Vous utilisez sûrement une rampe pour soulever et placer ces blocs, de même que les architraves et les linteaux. Pourquoi n’y en a-t-il aucune ici ?

Plusieurs membres de l’équipe échangèrent des coups d’œil et des sourires furtifs. L’expression de leur chef s’assombrit. Bak comprit aussitôt qu’il venait de verser du natron sur une plaie à vif.

— La dernière fois que notre souveraine a visité ce temple, nous avons dû enlever la rampe que nous avions ici, et une autre, près de la colonnade sud, expliqua Kamès, les narines frémissantes de colère. Senenmout a dit qu’elle souhaitait admirer la façade sans aucun système d’assemblage, et il en a été fait selon sa volonté. J’ai jugé plus sage de ne pas les réédifier avant quelque temps. Pour le moment, nous dégrossissons les éléments de colonne afin de pouvoir ensuite tout monter en même temps. Cela nous épargnera ainsi des efforts supplémentaires si elle revient bientôt.

« Une sage décision », estima Bak. Il fallait une énergie considérable pour construire ou démanteler une rampe. Pas autant que pour bâtir un mur définitif en brique crue ou en pierre, mais les nombreuses heures que cela exigeait auraient été mieux employées ailleurs.

— Pached n’assumait-il pas plus que son lot de responsabilités, pendant que Montou recherchait l’oreille de Senenmout et s’attribuait le mérite de l’avancée des travaux ?

Kamès secoua la tête, l’air un peu dédaigneux.

— Oh, je sais ! Pached se plaignait en permanence, de ci, de ça et de que sais-je encore. Toujours à critiquer Montou, sans jamais une parole de louange. Mais il faut que tu comprennes : Montou était inspiré, tandis que Pached se conforme aux règles. On ne pouvait s’attendre à ce qu’un tel esprit se passionne pour la morne routine d’un projet aussi ambitieux que celui-ci.

Un souffle d’air inespéré souleva la poussière de la pente abrupte, au nord, et la projeta sur les hommes qui se trouvaient au-dessous. Bak crispa la bouche et les paupières pendant que le sable criblait son visage et ses épaules. Le point de vue de Kamès se démarquait étonnamment des précédents témoignages.

— Montou et toi étiez-vous liés par un degré quelconque de parenté ?

Un large sourire lui apprit que le chef des tailleurs de pierre comprenait exactement où il voulait en venir.

— Même pas par un degré quelconque d’amitié.

Son ton désinvolte promettait un jeu d’esquives dans lequel Bak refusait d’être entraîné. Avec un peu de patience, Kamès finirait par s’expliquer. Une bordée d’injures attira son regard vers le mur nord, où une équipe hissait un traîneau chargé de blocs de pierre sur une rampe.

— Tu sais qu’Amonked m’a chargé d’enquêter sur les accidents qui se sont multipliés ici, depuis que la construction de ce temple a commencé.

Le sourire de Kamès fut effacé par une inexplicable amertume.

— Je te souhaite bonne chance, lieutenant.

Bak le scruta. De toute évidence, il venait de toucher un point sensible.

— Tes hommes et toi travaillez la pierre, et placez quelquefois de lourds blocs à une hauteur vertigineuse. Aurais-tu perdu quelqu’un dans un accident ?

Kamès fit signe au policier de le suivre et s’éloigna pour qu’aucun des artisans dispersés devant la future colonnade ne puisse l’entendre.

— Un chef d’équipe est mort. Ahotep, lâcha-t-il d’une voix dure mais rauque, qui trahissait son émotion. C’était il y a sept mois. On commençait tout juste à ériger les colonnes à l’extrémité du portique, près du mur sud.

— Comment est-ce arrivé ?

— Une partie de la falaise a cédé ; des rocs sont tombés sur le temple.

Il regarda la paroi rocheuse, plein de rancœur, et ajouta au prix d’un effort visible :

— Ahotep était monté sur la rampe de halage. Nous n’en étions qu’à la deuxième assise, de sorte que la pente était basse. Il vérifiait la position des pierres et s’assurait qu’elles étaient bien ajustées. Un bloc énorme a dévalé l’escarpement, en entraînant d’autres, et a provoqué un éboulement. Le mur s’est effondré sur Ahotep et l’a enseveli. Nous l’avons dégagé, mais on ne pouvait plus rien pour lui. Il avait les reins brisés. Il a vécu une heure longue comme un jour, réduit à l’impuissance, incapable de bouger. Sa mort fut un présent des dieux.

Le tailleur de pierre s’éclaircit la gorge, mais ne put chasser l’affliction qu’accusaient ses traits. Bak posa doucement la main sur son épaule et remarqua :

— Je vois qu’il t’était très proche.

— C’était mon fils aîné.

Bak étouffa une exclamation. Il comprenait désormais la tristesse du vieillard.

Une véritable rafale, et non plus un souffle d’air, projeta de la terre et du sable sur la terrasse. Bak se détourna et protégea sa figure dans ses mains. Quand le vent fut tombé, il vit Kamès essuyer ses joues baignées de larmes qui n’étaient pas dues à la poussière.

— D’autres ont-ils été blessés ?

— Oui, quatre tailleurs de pierre. Deux ne pourront plus exercer ce métier, car leurs membres infirmes ne recouvreront jamais la force d’antan. Les deux autres édifient les murs d’une série de chambres que notre souveraine fait construire dans le temple d’Amon, à Ouaset.

« Quel coup cruel ! songea Bak. La plupart des équipes sont composées d’hommes qui travaillent ensemble depuis des années. Perdre tant de leurs compagnons doit non seulement en perturber la bonne marche, mais déchirer le cœur des survivants… »

— Crois-tu, comme la plupart des bâtisseurs du Djeser Djeserou, qu’un esprit malin soit responsable de l’accident ?

— J’aimerais penser que c’est faux. J’aimerais me dire qu’un jour, je mettrai la main sur celui qui a provoqué cet éboulement et que je lui romprai le dos à son tour. Un espoir futile, j’en conviens. Comment un homme pourrait-il faire écrouler toute une face rocheuse ?

Bak se promit de grimper jusqu’au sommet pour voir s’il trouvait une réponse à cette question. Hélas, sept mois représentaient un laps de temps bien long. Trop, sans doute, pour découvrir la preuve d’un acte de malveillance. La paroi de la falaise et ses tours rocheuses étaient hautes et escarpées, fissurées et creusées de ravines, marquées de cicatrices là où des moellons s’étaient détachés. Le glissement de terrain avait fort bien pu être d’origine naturelle.

— L’accident a-t-il un rapport avec ton aversion pour Pached et ta bienveillance envers Montou ?

Une lueur menaçante brilla dans le regard de Kamès.

— Pached ne nous a pas accordé le temps de le pleurer, de trouver la paix en nous-mêmes. Il a renvoyé immédiatement l’équipe sur cette section du portique. Les hommes redoutaient par-dessus tout un nouvel éboulement, mais avaient-ils le choix ? Ils sont revenus et sont restés ici. Montou s’est disputé avec Pached ; il soutenait que nul ne méritait de subir une pareille épreuve. Ses arguments sont tombés dans l’oreille d’un sourd.

Bak avait toujours entendu dire que lorsqu’on avait failli se noyer, il fallait retourner à l’eau sans attendre. Si les deux situations étaient comparables, Pached avait pris la décision qui convenait.

— Montou était-il sincère, ou voulait-il se faire valoir à tes yeux en rabaissant Pached ?

— Que lui importait mon opinion ? Je ne suis qu’un humble tailleur de pierre, sans influence ni fortune.

 

Taraudé par l’inquiétude, Bak se tenait près de l’ouverture du tombeau et en scrutait les ténèbres. Menna ne reviendrait-il donc jamais avec le prêtre ? Préparait-il un nouveau rapport, qu’il jugeait plus urgent que le comblement du puits avant la nuit ?

Bak fixa le long tronc de palmier, écarté de l’orifice après que Menna et lui furent remontés à la surface, la veille. Le désir de redescendre, d’examiner à nouveau la sépulture était difficile à surmonter, mais à la fin il décida d’attendre. Toutefois, si Menna n’avait pas amené le prêtre d’ici le milieu de l’après-midi…

— Les voilà ! Ils arrivent, chef ! s’écria Kasaya, tendant le doigt vers la chaussée, à l’est.

Soulagé, Bak regarda l’officier se frayer un chemin parmi les ouvrages en pierre posés sur la terrasse. Un homme plus âgé et un gamin d’une dizaine d’années avançaient derrière lui. L’homme avait les cheveux ras et portait un pagne mi-long. Il ne pouvait être que le prêtre. Le jeune garçon était chargé d’un panier contenant un encensoir, une cruche d’eau, de l’encens et tout le nécessaire pour purifier le tombeau. Un coup de vent souleva la poussière autour de leurs jambes nues et des images de pierre parmi lesquelles ils avançaient.

Lorsqu’ils approchèrent, Bak dit en souriant :

— Je rends grâce à Amon que tu sois arrivé, lieutenant. Je me préparais à descendre dans le tombeau pour m’assurer qu’il était intact.

— Pourquoi ? rétorqua Menna, qui lui lança un regard acéré. J’ai toute confiance en Imen ; je sais qu’il a monté la garde la nuit entière.

— Et Kasaya aussi, dit Imen. Le lieutenant Bak ne voulait pas que je reste seul.

Les lèvres de Menna se crispèrent.

— Tu ne te fies pas à mon jugement, lieutenant ?

Bak n’aimait guère se retrouver sur la défensive, néanmoins il répondit avec un sourire affable :

— Mais si ! Cependant, un homme seul paraissait bien vulnérable, face à une bande de pilleurs. Qu’aurais-tu ressenti si nous avions trouvé Imen au fond de ce puits, la nuque brisée dans sa chute, et la sépulture profanée ?

— Ainsi que je crois te l’avoir dit plus tôt, répliqua Menna d’un ton compassé et intransigeant, je connais bien ceux qui résident dans cette région et qui prospèrent aux dépens des morts. Ils ne se donneraient jamais autant de mal pour un petit tombeau comme celui-ci. Il en existe d’autres où il est plus facile de s’introduire, assez isolés pour qu’ils puissent les vider à leur guise sans risque de se faire prendre.

« Puisque tu les connais si bien, pourquoi n’as-tu pas arrêté les voleurs des bijoux interceptés à Bouhen et dans le port de Mennoufer ? » ironisa Bak en son for intérieur.

Mais il se reprocha d’être injuste et trop prompt à juger. Menna avait avoué son peu d’expérience en la matière, et son ressentiment contre un nouveau venu qui usurpait son autorité était compréhensible.

Le prêtre s’avança et mit fit au silence embarrassant.

— Je suis Kaemouaset, et tu dois être le lieutenant Bak.

— En effet.

— Amonked m’a relaté tes nombreux succès dans la poursuite de criminels. Il a l’absolue conviction que, non seulement tu mettras un terme à cette série d’accidents, mais que tu captureras l’assassin de Montou.

— Je prie afin de ne pas le décevoir.

— C’est un excellent juge des caractères, jeune homme. Je suis certain que tu combleras ses attentes.

Bak fut ébranlé par cette marque démesurée de confiance. En quittant le commandant Thouti à Bouhen, il avait cru être débarrassé pour un temps de la tension supplémentaire que de telles certitudes lui imposaient.

— Entrons-nous dans ce tombeau, lieutenant Menna ? Cet après-midi, je dois enseigner les préceptes sacrés de Ptah à ce garnement et à sept autres tout aussi obtus, expliqua le prêtre en posant la main sur l’épaule de l’apprenti scribe.

— Remettez le tronc en travers du puits ! Apportez la corde et allumez une torche, dit Menna, incluant Kasaya autant qu’Imen dans ces injonctions, après quoi il s’adressa à Bak : Nous ne serons pas longs. Inutile de nous attendre.

Bien que heurté par ce rejet péremptoire, Bak conserva une expression impassible et un ton agréable.

— Je traque un meurtrier, lieutenant. Je souhaite m’entretenir avec Kaemouaset lorsqu’il aura accompli les ablutions nécessaires.

L’officier de la garde tourna les talons sans ajouter un mot, regarda Imen et Kasaya terminer les préparatifs. Quand tout fut prêt, il ordonna à l’apprenti qui accompagnait Kaemouaset :

— Va trouver Pached et annonce-lui la venue de ton maître. Qu’il envoie des ouvriers pour combler ce puits. Cette besogne doit être terminée avant la fin du jour.

— Oui, lieutenant ! acquiesça le jeune garçon, qui s’en alla bien vite.

Menna lança un coup d’œil vers Bak – en guise d’excuse, peut-être. Obtenant un hochement de tête aimable en retour, il commença à descendre et fut bientôt englouti par le tombeau. Le prêtre s’empressa de le suivre. Imen s’accroupit près du bord, attendant l’ordre de les remonter. Bak s’agenouilla à côté du garde, fixant le faible halo de la torche en bas du conduit. Il entendit des murmures, sentit une légère odeur d’encens, mais ses pensées se concentraient sur les tâches qu’il avait accomplies et celles qui lui restaient à faire. Il se leva et rejoignit Kasaya, qui s’était assis contre le lion à tête humaine pour s’abriter du vent.

— Ramène-moi Perenefer ou Seked, lui dit le policier. Peu importe lequel, pourvu qu’il puisse quitter ses hommes pendant une ou deux heures.

 

Une bourrasque chaude emporta vite les effluves de l’encens. Les feuilles jetées par Kasaya après son repas matinal pourchassaient la poussière en tourbillons sporadiques à travers la terrasse. Non loin de là, une équipe manœuvrait un tronçon de colonne afin de le placer sur un traîneau, l’intensité de l’effort nécessaire se mesurant à celle des beuglements du contremaître.

L’apprenti de Kaemouaset s’en retourna avec les ouvriers que leur envoyait Pached : Perenefer, son équipe et deux maçons. Des jougs en travers des épaules, trois enfants portaient, sur des plateaux de bois carrés, les briques en limon séché qui serviraient à bâtir un mur intérieur afin de refermer le tombeau dans les règles. Tous se serrèrent contre les statues et les tambours de colonne, se protégeant du vent de leur mieux, pendant que Kaemouaset achevait ses prières. Formant toujours une longue file, les jeunes garçons chargés de transporter les gravats du nord au sud sur la terrasse arrivèrent à leur tour, avec les matériaux qui permettraient de combler le puits.

Imen se leva d’un bond en entendant un appel venu des profondeurs. Il remonta le panier contenant les ustensiles du prêtre, et Kaemouaset aussitôt après. Ayant secoué la corde qui s’était un peu emmêlée, le garde fit signe à l’un des deux maçons et l’aida à descendre. Le second attacha un plateau à la corde afin d’envoyer les briques à son compagnon.

— Dans quel état as-tu trouvé le tombeau ? demanda Bak, entraînant le prêtre à l’écart des oreilles et des yeux trop curieux.

— Tout à fait normal. Le lieutenant Menna et toi méritez des éloges pour l’avoir protégé durant ces longues heures.

— Peut-être les pilleurs de la région craignent-ils un esprit malin, répondit Bak avec un sourire désabusé.

— Un esprit malin, lieutenant ? répliqua le prêtre, méprisant. Notre souveraine fut conçue par Amon lui-même. Quel spectre oserait approcher du temple funéraire de l’aimée du plus grand des dieux ?

— Les hommes qui travaillent ici imputent les accidents à un esprit maléfique. La nuit dernière, mon Medjai l’a vu parcourir ce temple et celui de Nebhepetrê Mentouhotep.

— Bah ! De tels esprits peuvent effrayer les pauvres et les ignorants, comme ici au Djeser Djeserou, mais non l’homme instruit que tu es de toute évidence.

Bak se détendit et sourit.

— Je cherche un être fait de chair et de sang, Kaemouaset. Et même probablement plusieurs.

— Amon soit loué ! s’écria le prêtre, soulagé. On m’a appelé afin de purifier le temple chaque fois qu’un ouvrier mourait ou était blessé. Invariablement, les faits qu’on m’a relatés auraient pu être causés par la négligence, par du matériel défectueux, voire, dans certains cas, par un caprice des divinités. Cependant, et bien que je n’aie aucune preuve du contraire, ces raisons ne me semblent pas crédibles. Pas plus qu’un esprit malin ne me paraît une explication acceptable.

— Qu’essaies-tu de me dire ? demanda Bak, pensif.

Kaemouaset l’entraîna quelques pas plus loin, comme si la moindre de ses paroles risquait, entendue par une oreille indiscrète, d’entraîner de lourdes conséquences.

— C’est une femme qui nous gouverne, dit-il tout bas. Belle et dotée de multiples talents, elle règne sur Kemet d’une main ferme et pourtant bienveillante. Elle compte de nombreux ennemis, principalement ceux qui pensent que seul un homme doit diriger notre pays. Ces ennemis, à mon avis, sont à l’origine des accidents et des rumeurs qui circulent au sujet d’un esprit mauvais.

— Qu’espèrent-ils gagner ? La reine n’est pas du genre à renoncer. Elle ne renverra jamais les ouvriers dans leurs foyers en laissant le temple inachevé.

— Bien sûr que non ! Il sera édifié, quels que soient les obstacles.

— Je n’ai entendu parler d’aucun problème similaire sur les autres chantiers qu’elle a initiés : ni au temple d’Amon, ni dans le sanctuaire de Pakhet, ni dans les carrières d’Abou, de Khenou ou de Ouaouat…

— Le Djeser Djeserou sera empreint d’une signification particulière. En y provoquant des incidents, ils espèrent la discréditer, l’affaiblir aux yeux du peuple afin qu’elle paraisse moins que ce qu’elle est : la fille du dieu Amon lui-même.

Kaemouaset marqua une pause – pour produire plus d’effet, soupçonna Bak.

— Vois-tu, jeune homme, les murs du temple dépeindront l’histoire de sa divine conception.

Plus tard, quand Menna et les maçons furent remontés à la surface, pendant que le prêtre marmonnait des prières supplémentaires ponctuées d’autres libations, Bak repensa à la théorie qu’il avait suggérée. Elle semblait plausible mais, à son avis, elle relevait surtout de la nécessité. Ce n’était qu’une fable, inventée par les partisans d’Hatchepsout au sein du temple d’Amon, afin de tirer parti d’une série d’événements qu’ils ne savaient expliquer.

 

Pached arriva pour s’assurer que tout avait été exécuté comme il convenait. Leur devoir accompli, Kaemouaset et son apprenti s’en retournèrent à Ouaset. Le lieutenant Menna s’éloigna à grands pas, car il devait inspecter les gardes qui veillaient jour et nuit sur les autres lieux funéraires, près de la vallée. Imen, quant à lui, avait reçu l’instruction de rester jusqu’à ce que le puits soit comblé. Aux côtés de Pached, Bak regardait les paniers de gravats descendre jusqu’à Perenefer et les ouvriers chargés de boucher le tunnel transversal.

Kasaya revint enfin, accompagné de Seked, le frère de Perenefer. Laissant le Medjai avec l’architecte, Bak et le chef d’équipe traversèrent la terrasse.

— Kamès m’a parlé de l’éboulement qui a frappé le mur de soutènement nord et des ravages qu’il a causés, expliqua Bak. Je souhaite examiner par moi-même la zone qui le surplombe.

— À ton avis, ce glissement de terrain n’était pas naturel, lieutenant ? interrogea Seked, le sondant du regard.

— Je l’ignore, et nous n’en apprendrons peut-être jamais la cause réelle. L’accident s’est produit il y a plusieurs mois ; les lieux peuvent avoir changé.

— Il n’a pas plu depuis, dit Seked. Mais les chutes de rochers sont fréquentes. Vois quelle pente elles ont formée au pied de la falaise ! Quand elles sont importantes, comme ce jour-là, des pierres continuent de tomber longtemps après.

— Donc, aucun espoir de trouver des traces d’homme ou de bête sauvage ? Ou bien celles de l’esprit malin ?

Le chef d’équipe répondit en souriant :

— Ton Medjai m’a dit que c’est ce que tu cherches.

— Tu parais sceptique.

Bak s’arrêta pour étudier le versant qu’ils comptaient escalader. Leur présence avait réduit au silence les hommes qui construisaient le mur, une dizaine de pas plus loin. Ils gardaient la tête tournée vers eux, s’interrogeant sur leurs intentions. D’autres, qui excavaient la pente tout au bout pour former une surface lisse contre laquelle les bâtisseurs poseraient des assises, les observaient avec non moins d’intérêt. Seked avait dit vrai : la déclivité était couverte de rocs, certains en morceaux, d’autres pulvérisés dans leur chute. L’ascension paraissait difficile, mais pas impossible.

— Formulons la chose ainsi, lieutenant, expliqua Seked, en réponse à la réflexion du policier. Si jamais, par une nuit d’encre, je voyais approcher une lumière, je m’écarterais afin que l’homme qui la porte ne se cogne pas contre moi, et, en même temps, je chuchoterais quelques incantations afin de me prémunir contre je ne sais quoi.

Bak éclata de rire. Rares étaient ceux qui s’exprimaient avec autant d’aisance, surtout au Djeser Djeserou. Les ouvriers échangèrent des sourires hésitants, avec l’envie de savourer la plaisanterie qu’ils n’avaient pas entendue.

Recouvrant son sérieux, Bak entreprit de gravir le premier raidillon. Un coup de vent souleva le sable autour de lui, le forçant à tourner le dos quelques instants.

— Depuis combien de temps connaissais-tu Montou ?

— Je travaillais déjà sous ses ordres alors que je n’étais qu’un gamin inexpérimenté. Autant t’ouvrir mon cœur, lieutenant, car je ne sais pas mentir et je finirais de toute façon par me trahir, déclara Seked avec un petit rire triste. Sa vue m’était odieuse, et je n’ai pas versé une larme le jour où l’on a découvert son cadavre.

— Voilà des propos bien vifs, Seked !

— Il n’avait aucun principe, et aimait plus sa propre personne qu’il ne vénérait les dieux. Quand il était plus jeune et avide de réussite, il pouvait, sans l’ombre d’un scrupule, tuer un homme à la tâche pourvu que cela lui vaille un sourire des puissants.

— Ton frère pense-t-il comme toi ?

— Pour dire la vérité, personne ici ne pense différemment. Si Montou n’avait été assassiné de manière évidente, il aurait été victime d’un accident fatal, tôt ou tard.

— Et l’on aurait blâmé l’esprit malin.

Seked eut un sourire sans joie.

— Un esprit ne peut-il s’insinuer dans un cœur, lieutenant ? Sa malignité ne peut-elle croître et suppurer tel un abcès ?

Bak continua à grimper en silence, prenant garde à l’endroit où il posait les pieds. La terre et les pierres tombées depuis peu glissaient sur la pente durcie par les ans et par le climat. Des nuages de poussière les contraignaient à fermer les yeux ou dérobaient la surface à leur vue, quand chaque pas comptait. Bientôt, les deux hommes n’eurent d’autre choix que de s’arrêter jusqu’à ce que le vent tombe.

« Si Montou était destiné à périr dans un prétendu accident, se demandait Bak, pourquoi l’a-t-on assassiné de manière flagrante ? Pourquoi risquer une enquête, alors qu’un accident n’aurait éveillé aucune méfiance ? Bien sûr, Montou était censé disparaître sans que nul ne sache où il était allé. On aurait entrepris des recherches, mais auraient-elles été minutieuses, et combien de temps auraient-elles duré ? »

— Avais-tu une raison particulière de haïr Montou, ou est-ce un sentiment qui a grandi au fil des ans ?

Les lèvres du chef d’équipe se crispèrent en une ligne mince et obstinée.

— Parle, Seked. Tu m’as déjà révélé le pire ; pourquoi te taire à présent ?

Seked s’arrêta pour regarder Bak dans les yeux.

— Je vais te dire la vérité, car je suis honnête, mais tu ne dois pas nous accuser mon frère et moi. Nous avions beau souhaiter sa mort, nous ne l’avons pas tué.

— Viens, dit Bak, se remettant à grimper. La falaise nous abritera du vent.

Tout en lui emboîtant le pas, Seked se remémora le passé.

— Il y a plusieurs années, alors que nous travaillions dans le temple d’Amon, Montou heurta un échafaudage, qui s’écroula. Des planches m’assommèrent et je tombai, inanimé, le front ouvert.

Il effleura sa cicatrice du bout des doigts.

— Quand Perenefer voulut m’emporter chez un médecin, Montou lui interdit de quitter sa besogne. Perenefer passa outre. Montou envoya un garde à sa poursuite, mais celui-ci l’aida à me secourir. Sans eux, j’aurais perdu la vie. Cependant, Montou n’en resta pas là, continua-t-il avec un rire amer. Il les accusa tous deux de désertion. En châtiment, ils furent envoyés très loin, dans les mines de turquoise. Le garde mourut. Mon frère survécut.

Bak franchit la courte distance qui le séparait de la face rocheuse. Là, comme par une faveur des dieux, les hautes colonnes verticales les protégeaient du vent.

— Comment Perenefer réussit-il à en revenir et à passer chef d’équipe ? Son prétendu crime avait-il été oublié et pardonné ?

— L’officier responsable des mines sut discerner ses qualités. Il veilla à ce qu’il soit vite libéré et lui procura ce poste.

— Montou ne vous a-t-il pas reconnus ? Des jumeaux identiques ne s’oublient pas facilement, et la cicatrice sur ton front suffisait à lui rafraîchir la mémoire.

Seked répondit d’une voix âpre, pleine de fureur :

— Montou se comporta comme si l’affaire était sans conséquence, comme si la mort du garde, le travail forcé de Perenefer dans les mines de turquoise n’étaient que des événements insignifiants, qui ne méritaient pas qu’on s’y attache.

« Il aurait voulu se faire tuer qu’il ne s’y serait pas mieux pris », songea Bak.

Il leva les yeux vers la falaise, une haute muraille dorée rendue irrégulière par des protubérances et des crevasses, des niches et des blocs plats qui semblaient sur le point de s’effondrer, érodés par le vent et le soleil, le froid et la chaleur, par les pluies torrentielles qui, parfois, submergeaient tout sur leur passage.

Un filet de sable ruissela sur sa tête et sur ses épaules. Il regarda plus haut, pensant qu’un faucon nichait vers le sommet. Des grincements résonnèrent, et des pierres de toutes tailles commencèrent à tomber. Un craquement perçant déchira l’air, puis des rochers dévalèrent la pente dans un grondement de tonnerre. Reconnaissant ces sons et sachant ce qu’ils annonçaient, Bak hurla pour avertir les hommes tout en bas. Il empoigna Seked par le bras et l’entraîna dans une course effrénée à travers le flanc de la falaise. Une pluie de pierres s’abattit sur eux.

Le souffle de Seth
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